Fours à pain

Un peu d’histoire…

À Sainte-Reine, chaque famille semait du froment, de l’orge, de l’avoine et du seigle afin d’avoir la matière première nécessaire à la fabrication du pain.
La composition du pain était différente selon les moyens et le statut social des familles. Le pain des maîtres et des gens aisés mais aussi celui des fêtes était le pain blanc composé de farine de froment. Le mornal, un mélange de froment et de seigle, était pour les valets et le cavalin, le pain des pauvres était un mélange d’orge et d’avoine que l’on donnait aussi aux chevaux et aux mulets.
La farine de glands ou celle de pépins de raisins pouvaient rentrer dans leur composition lors des périodes de disette comme entre 1690-1693, en 1709 et en 1749.

En 1771, l’intendant général estime que 4 livres de pain, poids de Chambéry, soit 1674 grammes par personne, représente une consommation courante.
Le pain était alors la base de l’apport énergétique journalier. Il était absorbé soit sec, à la main avec ou sans pitance, soit trempé dans des soupes épaisses à base de fèves, de pois ou de lentilles.
Le four était chauffé, à tour de rôle, par les hommes, la première chauffe nécessitant une quantité de bois plus importante que pour les chauffes suivantes.
Le bois était fourni par les 3 ou 4 familles qui se groupaient pour une fournée. Une fournée le matin et une autre l’après-midi pendant environ 3 jours. Une moyenne de 5 à 7 pains par ménage, de quoi tenir une quinzaine de jours. Chaque pain portait le signe de reconnaissance de chacun. Puis le four se reposait ! La reprise s’appelait “l’échor”.
Ce sont les femmes qui s’occupaient le plus souvent de la fabrication de la pâte.
Les pâtons étaient transportés, jusqu’au four, sur une brouette en bois qui ne servait que pour les matières propres comme aller aux “chenavus” pour ramener des légumes, aller faire la “boya” au ruisseau (la lessive)…
Tout d’abord, on cuisait la “couètase” (sorte de fougasse) pour le repas de midi puis la provision de gros pains d’environ 3 à 4 kg chargés de mie sous une grosse croûte afin d’assurer la plus longue conservation naturelle possible.

Ensuite, sont cuites les “épognes au comè” (crème pâtissière), aux pommes, prunes ou rhubarbe selon la saison.
On profite au maximum de la chaleur du four. À la suite des pains et tartes, certains feront sécher des fruits et, en dernier, d’autres viendront cintrer des manches d’outils (le four d’Épernay conserve encore l’encoche).
Les pains étaient rangés avec précaution dans chaque maison et conservé dans “l’orche” (coffre en bois) à côté de la réserve d’orge et d’avoine bien à l’abri des rongeurs.

Des pains justes sortis

Jusqu’aux années 1960, les fours d’Épernay et de Routhennes étaient le cœur vivant des villages où chaque famille venait faire cuire son pain chaque quinzaine.

Le four d’Épernay

Ce très ancien four était déjà présent sur la Mappe Sarde de 1732, parcelle n° 414 (actuellement parcelle ZD 138).

En 1850, sa toiture a besoin d’être refaite et en 1854, le conseil municipal parle de la reconstruction de sa voute.

En 1861, il est démoli et remonté en réemployant tout ce qui peut l’être. Son mauvais état est encore constaté en 1946.

Ce bâtiment trapu et massif a la particularité de tourner le dos à la rue d’Épernay pour être préservé des vents dominants. Il a été construit en mollasse et pierres du pays. Les murs sont épais de près d’un mètre. Il a la particularité de ne pas avoir de cheminée, la fumée se dégage par la porte ouverte. Il demande donc une chauffe particulière. La gueule du four est fermée par une porte métallique.
De part et d’autres des murs, des bancs en pierre accueillaient les “paillas” (des corbeilles tressées avec de la paille, de la ronce ou du noisetier) contenant la pâte en attente de cuisson puis recevaient les pains ou autres gourmandises chaudes sortant du four.

Four Epernay – vue d’ensemble
La rue passe à l'arrière du four
Four d’Epernay – entrée

Non utilisé pendant de nombreuses années, un artisan spécialisé a refait l’intérieur du four en 2010 ainsi que le crépi extérieur à la chaux. La réfection de la toiture date de 2020.

Chaque année, en juillet, il est remis en service par quelques bénévoles et chacun peut apporter pains, tartes, quiches, pizzas… à faire cuire. L’ensemble est ensuite dégusté dans un esprit convivial.

Les paillas

2020 le dos du four
Le four d’Epernay

Le four d’Épernay rénové en 2020

Le four de Routhennes

Il était construit à l’intersection de la rue Froide avec la RD 911 et formait un étranglement de la chaussée.

Plan 1944 – en rouge : le four et en bleu : la chapelle Saint-Gilles

 

En 1861, les travaux de réfection de la voute sont confiés aux sieurs BRUNOD de la Motte.

Le conseil demande, en février 1895, à ce que ce four soit réparé puisqu’il est impossible d’en faire usage vu son état de délabrement.

En 1906, le conseil municipal prend des dispositions afin que les matériaux employés à sa réfection soient de bonne qualité et les réparations correctement exécutées et en 1911 on parle de l’achat d’un terrain afin de déplacer ce four qui gêne la circulation.

Ce n’est qu’en avril 1924 que la commune achète un bâtiment en ruines, dépendances et cour dans le but d’avoir un bel emplacement pour un lavoir public et un four banal au centre du hameau.

En 1936, le conseil décide de démolir ce four afin d’élargir la route.

L’ancien four gêne la circulation sur la RD 911

Ce n’est qu’en 1946 que son remplaçant voit le jour, plus au sud devant la fruitière.

Il a fonctionné pendant la fête des Peï-rionds de 1976 à 1993 et des habitants l’utilisent régulièrement.

Il a été restauré en 2005 avec le concours de bénévoles de la commune. Un spécialiste de la restauration des fours à pain effectue la repose de la voûte.

2020 voit sa toiture restaurée et l’ancien lavoir (à droite sur la photo) est démoli. Ce dernier est remplacé par un petit bâtiment accolé.

Le nouveau four restauré en 2020

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Mairie de Sainte-Reine - 561 route de Sainte-Reine - 73630 SAINTE-REINE

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